David Hey Ho

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Pourquoi David Hey Ho est un connard ? [conte de fée moderne]

À la question posée, la preuve fut apportée dans "Les méfaits de la rumeur". Nous ne reviendrons pas sur une affaire classée. Pour ceux qui ont pris l'histoire en cours, je me propose de vous la narrer pour comprendre ce qui a engendré toute cette encre. Comment on dit quand on écrit sur ordi ? C'est quoi l'expression ? Qui a engendré tout ce tapage médiatique ? Ouais. Il est bien malingre, le tapage médiatique. Bref, revenons aux origines des prémices du début du commencement de la genèse. Il était un fois...

Je baguenaudais gaiement dans les prairies virtuelles, youkaïdi youkaïda ! Dans un mouvement de balancier parfait, le panier dont l'anse était tenue par mon bras replié produisait un délicieux cliquetis, entrechoquant galette et petit pot de beurre. J'avais profité d'une promo Auchan pour la galette. Certes au son, elle semblait un peu dure mais un mois après l'Épiphanie, il ne fallait pas s'en étonner. Quant au petit pot de beurre, je l'emmenais toujours avec moi. On est jamais à l'abri de trouver l'amour au coin du bois.

Je virevoltais d'une blague de Jean-Marie à un article du Gorafi qu'un ami naïf avait pris pour argent comptant, d'un "À quoi ressemblerais-tu si tu été du sexe opposé" à une pub pour de la vaseline. Ils sont forts ces publicitaires. Comment pouvait-il connaître le contenu de mon panier ? Et puis, je tombe sur le statut de Grincheux. Je le connaissais pour l'avoir plusieurs fois croisé dans quelques bals à dédicaces. À cette heure avancée de la matinée, entre le retard et la cantine, il avait sans doute achevé sa tâche à la mine, le 4B ça laisse de sacrées marques sur les phalanges. À la différence de ses six frères, il ne profitait pas de la moindre pause pour compter fleurette à la première Blanche Neige venue. Sa misanthropie lui imposait d'être différent, ailleurs, seul. Par exemple, quand ce nouveau sport qu'on nommait Floueball est arrivé, c'est dans la cage qu'on le trouvait, pas sur le terrain. Il faut dire qu'il encaissait comme personne. Récupérer les deniers avec autant de vivacité, n'est pas donné à tout le monde. Du talent à l'état pur.

Pour l'heure, pas de surprise, il grinchait. Mais il grinchait faux, comme un crabe filant droit, comme une mouette visant la tête, comme un loup asthmatique. Il s'en prenait à mon amie, celle qu'on surnommait la Princesse au petit poids tant elle était fine.

Mon sang ne fit qu'un tour, tant est si bien qu’on me surnomma Rouge. Je venais de lire ceci :

"Je m'y suis engagé , alors allons-y mais je vais souffrir pour l'écrire car je vais devoir jouer l'équilibriste! Que je m'explique : donc je suis allé à la 4ème édition du salon des Mines Noires à Noeux-les-Mines . Réussite incontestable sur le plan visiteurs , bondé de chez bondé matin et après-midi, presque trop de monde d'ailleurs ( le français n'est jamais content !!) , salle quasi trop petite pour accueillir tous ces auteurs ( finalement , heureusement qu'il y a eu certaines défections!) , deux bémols néanmoins , l'un plus personnel mais qui s'est retourné à mon avantage car, refusé pour manger avec les auteurs, j'ai mangé avec les blogueurs/blogueuses ( même si j'ai offert l'apéro mais j'aime bien faire plaisir!) et l'autre concernant une décision pour laquelle je suis pour le moins circonspect , le choix du prix du polar Mines Noires 2018 pour une auteure dont le livre est paru désormais il y a fort longtemps, qui faisait partie des gens qui se sont désistés et dont la première publication était truffée de fautes ( je le sais, j'en ai encore un exemplaire chez moi !). Oui je sais, ça fera encore une polémique mais je m'en fous car c'est la stricte vérité! Bon , Mister Coup de Gueule est vieux et fatigué , coucouche panier !!"

Je ne retenais que deux choses : la plainte de ne pouvoir s’asseoir avec les maîtres des grimoires, profitant grassement de leur pitance au passage, et la pique envers Princesse.

Je pris la plume virtuelle que j'ai toujours sur moi. Non non, pas dans le panier. Et j'écrivis ceci, riant sous chaperon de mon style facétieux :

"Quelle honte qu'un blogueur ne puisse pas pique-assietter avec les auteurs en toute quiétude. Où va le monde, Dieu m'tripote, où va le monde !

Et dès que tu auras sorti ton guide "Comment squatter les tables des plus grands salons littéraires pour pas un rond" je serai le premier à te demander de me l'envoyer gratuitement. L'avantage c'est qu'à ce moment-là, tu seras auteur et tu pourras te passer des trucs et astuces de ton guide.

Je me dois quand même d'avouer que se glisser entre deux auteurs pour leur piquer leurs cornichons est un sport jouissif que j'ai en d'autres temps pratiqué. ;-)"

Mal m'en a pris. Grincheux est grincheux. Il y avait un indice. Le soupe-au-lait s'imaginait porter bottes de sept lieux en place de crocs pourtant seyantes et très pratiques en cas de traversée d'une zone à trolls dont on sait la manie malodorante de laisser traîner leurs colombins havanesques. On ne tente pas le bœuf quand on coasse sur nénuphar. Monsieur de La Fontaine l'a bien compris. Meurtri dans son ego, sur ma feuille de choux, il expédia une babillarde bien sentie dont les termes ne devraient pas figurer en plein conte pour enfants :

"David Hey Ho , tu n'as jamais rien fait de ta vie , alors me traiter de pique-assiette!! Passe ton chemin , connard !!"

Grincheux décaissait aussi vite qu'il encaissait. Trop, peut-être. Les gentes dames savent que c'est là piètre qualité chez un damoiseau. Si le mieux est l'ennemi du bien, l'excès parfois y mène. Cette invective précipitée m'ouvrit les portes d'un nouveau monde. Apparut devant moi un rideau d'eau qu'avec plaisir je traversai, transformant au préalable mon chaperon rouge en K-Way bleu. Quitter le pays des contes de fées fut salutaire à plus d'un titre. Monsieur Disney avait limé les fins tragiques. Dans mon monde, les rêves bleus virent aux cauchemars. La Belle au bois dormant ne fut pas réveillée par un doux baiser. Son prince la viola. Les deux sœurs de Cendrillon n'arrivant pas à entrer leurs énormes pieds dans la frêle chaussure de verre n'hésitèrent pas à se mutiler, l'une se coupant le gros orteil, l'autre se sciant le talon. Le Prince voyant la chaussure dégoulinant de sang les condamna à se faire picorer les yeux par des oiseaux, puis à mendier aveuglement le reste de leur vie. Je pourrais vous donner maintes exemples encore. Voilà la vraie souffrance, le vrai sadisme. Tout le reste n'est que littérature pour enfant. Même Grincheux, j'en suis sûr est d'accord avec moi. Avant de traverser la cascade, je me retourne et le vois au loin - ou alors c'est qu'il est vraiment petit - en me disant que, finalement, malgré son talent, il ne l'encaissera pas, cette histoire.