David Hey Ho

Mots, textes, interviews et vidéos

Je l'ai sur le bout de l'oreille

Dans la série "Ma vie est formidable", je vous présente "David sort de la douche". Ça donne envie, hein ! Non mais restez ! Vous allez voir, ça va partir en couilles à un moment, ça va être bien. Mais ne brûlons pas les étapes. De toute façon, j'ai pas de briquet sur moi quand je me nettoie la couenne. J'ai passé l'âge de me brûler les poils du S.I.F dans un concours de dragon fétide.

Bref, après un jeu torride de frotti-frotta en serviette éponge XXL - il faut bien ça - je me l'entoure autour de l'appendice Michelin en me demandant si la taille au-dessus existe dans les mêmes coloris. Je retournerais bien au Japon pour manger plus sain et tenter l'essuyage en mini-tissus. Parce qu'elle est tellement grande qu'il m'arrive de me prendre les pieds dedans. Je prierai les deux du fond d'arrêter de pouffer comme des culs, je parle de ma serviette, 'spèces d'obsédés d'la bite !

Je suis propre comme un sou neuf, beau comme un quinze tonnes, mais avec une haleine de pieds de marathonien. Un peu d'eau dans le verre, trempage de poils du pinceau à ratiches et remplissage de pâte sctroumpfesque au millimètre près de la surface prévue à cet effet. Je brosse en bleu mais je crache en rouge. Je vous l'ai dit, ma vie est formidable. Le rituel dentaire achevé, je passe aux cages à miel. C'est pas pour me venter mais si j'étais une abeille, je serais une travailleuse hors paire. Je pourrais en remplir des lunes de mariés. Cette phrase est gênante. Je la laisse quand même. Pourtant, autant je ne lésine pas à la dépense en triple épaisseur douceur poussin pour la partie la plus charnue de mon individu, autant je radine comme un écossais côté cotons-tiges. Je privilégie le cul à l'écoute. Je suis faible, je ne suis qu'un homme.

Esgourde droite. J'enfonce la tige. Tourne et retourne. J'extrais. Le coton propose un camaïeu brunâtre qui me ravit. Ah, les joies simples du quotidien ! J'attaque avec d'autant plus d'entrain l'oreille gauche. Le geste est méthodique, précis, fruit d'année d'expérience. Pourtant, en retirant la queue du Mickey, je sens que la manip a foiré. Je regarde. Ma tige est orpheline. Ni couleur brunâtre, ni même blanche. Le coton a fait sécession. Restée coincée dans le conduit auditif, la bouboule. Je tente la récupération avec la tige vierge mais je fais plus de mal que de bien. J'arrête. Je me regarde dans la glace l'air dépité. J'ai pas l'air con. Je m'imagine aux urgences, assis entre une main coupée et une bouteille de Perrier dans l'oignon.

Je me précipite hors de la salle de bain en direction de mon bureau pour googliser "bout de coton-tige dans l'oreille" sur mon ordinateur. Dans l'affolement, je me prends les pieds dans cette putain de serviette et me retrouve nu comme un Dieu et beau comme ver devant toute la belle famille que je n'avais pas entendu arriver à cause de ce putain de coton. Mannequin challenge, les yeux rivés sur la partie la moins charnue de mon individu. Oui j'aime les douches froides, est-ce un crime si grave monsieur le juge ? Le silence se met au diapason, glacial. Enfin, je crois. De toute façon, j'entends pas grand chose. Dans ma tête, chante Caroline Loeb. Je retrouve mes esprits, salue l'assemblée en vérifiant que personne n'arrive dans mon dos, ramasse ma pudeur et passe au bureau. Devant mon PC, j’apaise ma honte en tapant la recherche. Le cliquetis sur le clavier est sourd. C'est la ouate !

Les recettes "miracles" qui s'affichent sur l'écran me semblent plutôt bancales. Entre le tube de stylo bic relié à un entonnoir en carton lui même enfoncé dans le tube d'un aspirateur et le lavage de l'oreille à grandes eaux - ça gonfle pas à l'eau le coton ? - je panique. Pas longtemps. Mon héroïne entre dans la pièce la cape au vent. Ses pouvoirs, une vue super basse et une coquetterie de reine. Voilà Super-Mafemme ! Les lunettes, c'est pour les fiottes. Grâce à sa super loupe et à son jeu de pinces à épiler en adamantium, elle me sort le coton de l'oreille et de ce mauvais pas en moins d'une minute.

Tout est bien qui finit bien. À part peut-être la belle-famille qui; pendant tout le repas dominical, n'a pas cessé de me regarder en coin, petit sourire aux lèvres.

Moralité : n'achetez jamais de la sous-marque pour les coton-tiges, jamais.