La mort du piaf
Dans la petite polésie qui suit, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait tellement purement fortuite qu'on se demande s'il n'y aurait pas quand même comme une once de référence à un fait divers de la vraie vie des hommes.
À l'œuvre, on connaît le tisserand.
Qui laissa orphelins ces pauvres oisillons ?
Qui brisa le destin du Piaf troublion ?
Pour nuire aux mystères, la justice se rend.
On le retrouva mort juste un fil à la patte,
Plus une plume sur le corps mais les traces d'une chatte.
Le hibou magistral, en juge des oiseaux,
Pensant que son étoile brillerait sans l'échafaud
pris cette histoire banale comme vent ascensionnel
point de vérité sale qui nous brûle les ailes.
La cause est entendue, il est mort de froid.
Distrait, il était nu, voilà qui va de soi.
Le fil ? Il s'est pendu puisqu'il était de soie.
L'affaire est résolue, nous en resterons là.
Le verdict tomba sans qu'il ne fut question
d'aucun coupable chat, d'aucune condamnation.
Surpris, tous le furent par tant de légèreté
Mais c'est dans la nature de ces êtres emplumés
Qu'ils soient de bon augure et c'est la liberté
qui sans un seul coup dur leur permet de voler.
Mais quelques jours plus tard, l'automne anonyme
par un épais brouillard, souffla le mot de "crime".
Cette voix trouva écho dans bon nombre de nids.
Car la vérité vaut quand elle a des appuis.
On apprit assez tôt qui fit courir ce bruit.
C'était maître corbeau, personne ne comprit.
Il est pourtant un fait que l'on ne peut nier
le piaf menaçait de quitter l'arbre entier
pour le chêne d'à côté à la couleur plus verte
Ç'aurait sans doute été une trop grosse perte.
Et puis il y avait eu quelques saisons plus tôt
cette bien étrange affaire, celle des frères sansonnets,
près du trou du pic-vert, on les trouva noyés.
On y a une belle vue mais pas trace de ruisseau.
Comment Dieu se peut-il que même près de ce chêne
La justice des oiseaux soit à ce point si folle
Saint-Louis en exil zappa, changea de chêne
s'éloigna de la ville du maître rossignol.
Tisse ta vérité, o, brave tisserand
Sur ce métier vieilli si souvent bafoué
Toute ressemblance avec une autre histoire ne peut être ignorée.
"Les frelons et les mouches à miel" est une fable qui m'a, c'est vrai, inspiré.
Monsieur de La Fontaine je vous salue bien bas.
Je vais ici couper le fil de mes pensées.
À l'oeuvre bien tissé on connaît le tisserand