David Hey Ho

Mots, textes, interviews et vidéos

Japan Expo, d'une année l'autre

L'an dernier, nous avons connu notre première Japan Expo avec Mission Japon. On était deux, cette fois-là, avec Sylvain. Nous avions comme mission de tourner une vidéo reportage pour le site Fugujapon. Nous, on était plutôt fiers des plans que nous avions filmés. Au final, leur avis fut mitigé. La vidéo n'existe plus depuis que je l'ai partagée dans cet article. Heureusement, de notre côté, avec les mêmes images, cette fois incarnées, nous avons sorti cette vidéo.

Le reportage pour Fugujapon, c'était la solution que nous avions trouvée pour arborer tous les deux un beau badge presse. Notre chaîne étant encore jeune, nous n'avions pas de stand derrière lequel accueillir ceux qui nous suivent et qui auraient aimé nous rencontrer. On s'était débrouillé autrement. On avait pris notre plus beau clavier pour contacter des stands qui pourraient nous servir de lieu de rendez-vous. Et ça a marché ! Au total deux éditeurs, dont les Editions du Chat Noir, et un stand associatif qui accueillait déjà Julien Tirode et Sabrina de Francejapon ont joué le jeu. Une fois par jour, à une heure précise, nous avons vu certains d'entre vous. Nous étions ravis, surpris, émus, fiers, gênés, impressionnés. Ne rayez aucune mention, elles sont toutes utiles et vraies. C'est tout de même une drôle d'expérience que de se faire reconnaître par une personne qu'on ne connait pas. On ne sait jamais comment réagir. On recherche cet instant, on le veut vraiment, mais quand il arrive, on le tripote de nos doigts gourds sans savoir qu'en faire. Tout le contraire de la masturbation. Mais, ça, c'est un autre débat.

Cette année, notre chaîne reste toujours confidentielle. Pourtant, nous avons été invités par les organisateurs. Classe, non ? Ah oui, je dois vous avouer que, là aussi, subterfuge il y a. En janvier 2017, j'ai eu la bonne idée de créer un groupe Facebook secret. Manipulation ? Illuminati ? Machination diabolique et rire sardonique ? Rien d'aussi glamour. C'est le type du groupe, secret. Ça veut dire qu'il n'apparaît qu'à ceux qui y sont invités. L'idée première était de se retrouver entre vidéastes passionnés du Japon pour discuter, partager des tips, permettre des collaborations, ce genre de choses. Nous avions rencontré des passionnés sympathiques lors de notre voyage au Japon, en interviews et dans nos pérégrinations sur les réseaux sociaux. On s'est dit que ça serait cool d'avoir un lieu de discussion rien qu'à nous. Ce qui se dit dans le groupe secret, reste dans le groupe secret... Et les serveurs de Facebook mais ne chipotons pas. J'ai invité les copains. Les copains ont invité d'autres copains. Nous sommes devenus une petite bande qu'on nommera plus tard les membres fondateurs. Sur l'impulsion d'Alexandre des éditions Issekinicho, un 14 février - pour des amoureux du Japon, c'était plutôt de bonne augure - l'idée du site internet regroupant les vidéos du collectif a trouvé l'adhésion de tous. Et c'est le 1er mai 2017 que le site www.vudujapon.fr est apparu sur la toile.

Revenons à la 18ème vague de la Japan Expo, il y a un peu plus d'un an maintenant. Certains membres du collectif se rencontrent. On discute, on se prend au jeu, on s'échauffe plus que de raison et on se surprend à rêver à l'an prochain. Nous aussi nous aurons un stand, crévindiou ! Il s'avère que cet impossible espoir rendu tangible par les vapeurs de saké titille l'un des membres, par ailleurs, travaillant en collaboration avec le festival depuis quelques années dans le cadre de documentaires. La conversation n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Sinon, j'aurais pas l'air con devant mon clavier à vouloir absolument rendre intéressante une histoire de poivrots sans lendemain. Et puis merde, je vends la mèche. Aucune effluve alcoolisée au moment de la discussion. Licence poétique ou soif avinée de l'auteur ? D’ailleurs, je vous laisse là quelques instants pour aller m'en jeter un petit dans le cornet. Tavergiste, aubernier, il fait soif !!

Et glou, et glou, et glou ! La France est en finale ! Hips ! ZZZzzzz !!

Le lendemain matin... Je tape doucement sur mon clavier. Fait un bruit de dingue, ce con ! Je relis. J'aurais pu m'abstenir de raconter l'envers du clavier. En même temps, l'ensemble du texte narre comment nous en sommes arrivés à être invité à Japan Expo. L'envers du décor de l'envers du décor, donc. Le caméléon n'a la couleur du caméléon que s'il est sur un autre caméléon. Mais rendons à Julien ce qui appartient à Julien. C'est lui qui, un peu en loucedé, a entamé les démarches auprès des organisateurs de l'événement pour parler du collectif. L'idée leur a plu. Ils nous ont offert un stand de 36m2 que nous avons animés avec fierté et passion pendant quatre jours. Toutes les chaînes n'ont pu être présentes. Certaines étaient indisponibles, d'autres de l'autre côté de la planète. Le carton rouge revient à celle qui est venue en visite une journée, le jeudi, et qui n'a pas daigné venir sur le stand. Pas compris l'délire ! J'ajoute 365 points d'interrogation à la question "Mais pourquoi ?".

Julien dont les vidéos magnifiques et les superbes documentaires sur sa chaîne La balade du Sakura méritent votre attention, votre admiration, vos likes et vos abonnements fut un hôte exceptionnel. Je n'aurai pu venir - budget en cale sèche - s'il ne m'avait pas proposé de m'héberger. Mieux, il m'a offert son lit pour tester le canapé. Qui aujourd'hui fait montre d’une telle élégance ? Nous avons vécu ensemble, comme un vieux couple. Nous avons fait nos courses, repris la caissière quand elle nous lançait un "Au revoir messieurs-dames !", nous avons discuté de tout et de rien, nous nous sommes trouvés des avis communs sur la société, nous nous sommes promis de mener à bien, ensemble, de formidables projets. Seul regret, nous n'avons pas entamé cette bouteille de saké qui m'a fait de l'oeil dès le premier jour. Heureusement, peut-être. Qui peut imaginer ce qui se serait passé si nous avions laissé nos inhibitions de côté. On était si bien.

Le climax revient à la conférence du dimanche. Nous arrivons tout penauds vers la scène Nezumi sans se faire d'idée quant aux nombres de personnes que nous retrouverons assises devant nous au moment où nous montrons sur scène. Un peu en avance, nous voyons Mickael J, YouTubeur de la chaîne "Fermez là”, faire son show. Plus une chaise de libre. Certains même sont assis à même le sol. Ça se videra quand il aura fini, assurément. On se retrouve dans les loges, derrière la scène, trop heureux de jouer les pique-assiettes à base de bretzels, petits bonbons et jus de pomme. Le stress monte. On rigole pour des conneries, pour se donner de la force. Ça marche moyen. Notre prédécesseur nous rejoint. On discute un peu. C'est à notre tour. On va pour monter sur scène et on remarque que presque toutes les chaises sont prises. Il est 12h15. L'occasion est trop belle de manger son sandwich ou son onigiri assis. La première question que je pose micro à la main, c'est de savoir si le public, bien plus nombreux qu'on aurait pu l'imaginer, est vraiment venu pour nous. Les têtes font toutes un mouvement de haut en bas. Sur le cul ! On passe une petite heure à parler de nos chaînes, du collectif, du japon et des bonnes manières pour filmer au Pays du soleil levant. Quelques questions au final. On rend la scène pile à l'heure sous le regard attendri de la régisseuse. Un sans faute à tous les niveaux. Et mon Dieu, quel kiff !!!

Je ne vais pas me la jouer Meursault, Godefroy de Montmirail (et c'est à ce moment que je me rends compte qu'un Godefroy, ça doit pas être très agréable) ou Batman. Derrière cette barbe grise et cet embonpoint gourmand bat un petit coeur tout rose. Lors de ma présence sur le stand, je me suis souvent surpris à regarder toute la petite troupe qui animait notre petit coin de Paradis nippon avec un sourire niais, les poils des bras au garde-à-vous et l'oeil moite. J'étais fier, heureux et tellement reconnaissant à toutes celles et tous ceux qui n'avaient pas ménagé leur énergie depuis janvier pour qu'on soit là, présents.

Un seul regret m’habite. Celui de ne pas avoir pu partager tous ces instants avec le fiston Sylvain. Je sais que parfois, dans ce genre d’exercice - même si je fais constamment des efforts sur moi -, je prends un peu trop de place, et pas uniquement à cause de ma proéminence stomacale. Quand nous sommes à deux, les gens ont tendance à s’adresser en premier au plus vieux, dernier privilège de l’âge. Et Sylvain se fait iéch’. Il est plus que jamais temps de tuer le père.

Mais revenons au stand de Vu du Japon. Le petit plus de la maison, ça a été de partager notre emplacement avec d'autres, des photographes, blogueurs, journalistes, dessinateurs, comédiens, musiciens, écrivains tous habités par la même passion que la nôtre. Nous avons eu au total une quinzaine d'invités qui se sont donnés le relais pour présenter leurs supports, parler avec les visiteurs. Parce que nous aurions aimé l'an dernier recevoir une telle invitation, quand Audrey de Ikimashô a suggéré que nous pourrions laisser un coin de table aux copains non vidéastes, j’ai tout de suite été pris d'une bouffée d'enthousiasme. Bon sang mais c'est bien sûr ! Mais pourquoi n'ai-je pas eu cette idée magnifique plus tôt !

Je ne sais pas si la chaîne Mission Japon continuera longtemps d'exister, je ne sais pas ce que va devenir à plus ou moins long terme le collectif, je ne sais pas si nous serons à nouveau invités dans les mêmes superbes conditions par Japan Expo ou par d'autres conventions. Je sais juste que ces moments, ceux que nous avons connus pendant quatre jours sont rares et précieux. Et je suis tellement heureux de les avoir vécu que le reste importe peu, aujourd'hui et maintenant.

Les copains du collectif, les invités, les visiteurs, je vous aime. Bien que ces quatre jours furent fatiguants, ils furent magnifiques à plus d'un titre. J'ai aimé tous les moments passés avec vous, vous revoir, vous rencontrer pour la premières fois. C'était le week-end dernier. La nostalgie me pince déjà l'âme. Ça semble être si loin. Le temps est assassin et emporte avec lui vos rires et vos mots. Et la Japan Expo, et la Japan Expo...