Et puis, il y a le prime de samedi dernier. Premières auditions à l'aveugle de la saison 7. Parmi les candidats, un duo attire mon attention. Son nom, Father to Son. Les plus anglophones d'entre vous auront compris. Pour les autres, ceux qui ont toujours cru qu'Allan Quatermain était le fils de Tarzan parce que "Quatermain" en anglais, ça veut dire "quatre main", comme le singe, homme-singe, toi-même tu sais, c'est la première fois que dans le télé-crochet de TF1 se présente un père et son fils. L'un a la cinquantaine et l'autre la vingtaine. Une connexion se crée. Je me surprends à espérer que le duo s'attrape un rhume tant la volte-face des quatre fauteuils dans une synchro parfaite est fulgurante. Malheureusement, Jean-Jacques Oldman stresse. Il n'a pas la voix assurée des répétitions, chez eux, devant le reste de la famille. Il sait qu'il joue, sans doute, sa dernière carte artistique. Cette pensée qu'il avait jusqu'à présent enfouie sous des "jamais je ne me suis senti aussi jeune" lui explose à la gorge, lui glace les cordes vocales.

Son rêve ne se réalisera pas. Pire, à cause de lui, celui de son fils non plus. Même si, lui, a encore le temps pour faire ses preuves, ailleurs, plus tard. Si seulement les coachs avaient su. Le père ne peut retenir ses larmes. Parce qu'on a cessé de leur répéter, leur lien est beau. Un père et un fils unis dans une même passion, c'est magnifique. Oui mais voilà, audition à l'aveugle. Retourné, on se fout de ce lien, seule la voix compte. Ton héritage, mon fils, sera mon erreur. Peut-être que si je t'avais laissé monter seul sur scène, tu aurais pu continuer l'aventure. Ce n'est pas ta faute, c'est ton héritage. Les mots de Biolay résonnent encore quand le public accompagne la sortie du duo. Et puis un petit miracle se pose sur le plateau. Zazie devine trop tard le lien des deux voix recalées. Faisant fi du règlement, elle se retourne, sans son fauteuil. Les deux silhouettes qu'elle voit disparaître confirme son intuition. Elle décolle de son siège, court sur la scène, ramène dans la lumière le fils prodigue et le père présomptueux. Si les coachs avaient su, ils se seraient retournés. Sans doute pas pour les bonnes raisons. S'en suit un hymne à la transmission que ne renierait pas un duo père/fils de garagistes. Cette séquence anodine résonne depuis en moi. "Ce qu'on a cherché à faire en venant à The Voice, c'était montrer un père et un fils ensemble, qui travaille ensemble pour arriver à un certain résultat. On était vraiment ensemble sur cette scène." Les derniers mots du daron au moment où le prochain candidat s'avance sur scène. Show must go on !

Comment appréhenderiez-vous la chaîne Mission Japon si, comme les coachs, vous ne saviez pas que nous étions un duo père/fils ? Sur Youtube plus que sur scène, l'âge est un handicap. J'entends par là le vieil âge, celui où on sait qu'on a plus vécu qu'on ne vivra. Sylvain est le maître d'oeuvre des vidéos. C'est lui le créateur, les petites mains qui donnent de l'intérêt - d'autres diront de la fraîcheur - à nos pirouettes filmées. En même temps, parfois, le plus immature des deux n'est pas celui qu'on croit.

Zazie a plusieurs fois répété le mot "transmission" comme si de façon docte, le savoir était un flambeau ne pouvant que descendre. Quand on travaille ensemble, j'apprends autant de mon fils que, j'espère, il apprend de moi. La question que je me pose, elle est légitime, c'est de savoir quand je deviendrai un fardeau pour lui en espérant que je ne me la pose pas trop tard. Sinon, je peux chanter en m'accompagnant d'un beatbox à l'aisselle si vous voulez. Non ? Tant pis.