David Hey Ho

Mots, textes, interviews et vidéos

Désolé mais je vais être sexiste

Je suis un vrai mec, un burné, un roc, un cap, une péninsule. Je ne suis pas une gonzesse, ni une tafiole. D'ailleurs, on dit tafiole ou tafiote ? Ah oui, c'est vrai, on ne dit pas, on ferme sa gueule parce que le lisse est devenu la norme, pas un mot plus haut que l'autre.

Bienvenue dans la tiéditude !

Parce que le seul moyen qu'a trouvé notre société pour donner une chance au vivre ensemble est de nier la différence. Il n'y a plus de blancs, de noirs ou de jaunes, ni homme ni femme, plus d'hétéro, d'homo ou de bi. Il n'y a plus que des habitants de l'univers. Parce qu'il est politiquement incorrect de dire "terrien" dans le cas où nous découvririons dans un avenir proche des habitants sur d'autres planètes. J'ai toujours trouvé que nier la différence était la pire des hérésies. Nous sommes riches des différences des autres. Nous enrichissons ceux qui nous aiment de notre singularité. Le politiquement correct me fait chier la bite, m'horripile, m'agace la nouille, me tourneboule, me fout la jeura.

Je viens d'un monde où l'intention n'est pas dans les mots, où l'amour ne se dit pas mais se ressent. Un monde où on n'est pas homophobe quand on traite un gros con d'enculé, où on n'est pas grossophobe quand on traite un enculé de gros con. Un monde où on n'est pas bovinophobe quand on dit "Oh, la vache !", juste ringard. Il est des gens qui sont vulgaires avec des mots autorisés et d'autres qui ont la classe en clamant des gravelures bien senties. Comment peut-on être vrai, nature, en se lissant les mots, les avis, les idées ?

Bref, ce que je voulais partager avec vous, c'est que quand je regarde les auditions à l'aveugle de The Voice, je dois bien l'avouer, je chiale comme une gonzesse. Je suis ému comme une tafiole par l'enjeu, les artistes, leur voix, leur famille. Je passe d'éponge en madeleine. Je suis un vieux qui gèrent moins bien ses émotions qu'avant. Alors pour garder du poil à l'ego, j'outrage la bien-pensance en me niqabant la pudeur. Aucune méchanceté, de surestimation mal placée dans mes mots. Je suis comme ça, à l'ancienne. Lino Ventura dans le corps de Carlos.

Merci de respecter ma différence.