J'ai comme un coup de mou
Je ne sais pas ce qui m'a pris ce matin quand je me suis réveillé. J'vous jure monsieur l'commissaire, j'ai pas remarqué tout de suite que je pillais Crabouif, que j'estompais l'abo. J'ai mollement tapoté une phrase sur le clavier mouvant de mes saucisses émues, ne me rendant compte à aucun moment que je laissais l'empreinte suintante d'un emprunt vilain.
Cerveau off, indolent, Brahma lent, bras ballant. Je matte les vidéos de Jules et Lolo. Un doux moment. Le commissaire me bouscule, m'asperge en postillon frais. J'apprécie la sale aubaine. La phrase ondule comme l'air s'élevant de l'asphalte fiévreux, mercure haut macadam. Elle prend des formes ardentes exécutant un flamenco torride. Je claque des mains pour donner le rythme. Mes paumes émettent un pauvre vent suspect aux battements asynchrones ajoutant à l'air ambiant un relent d'étuve, un soupçon d'Etna, une pincée d'Hadès. Mes pattes molles échouent sur les bras skaï du fauteuil. Je cuis des ailes. J'ai le cuir qui pèle. Elle, elle ne me calcule toujours pas, continue de mover en vie propre, en belle andalouse, en éludant la loose. Elle fait la go qui connait pas charo. Mes dents ne rayent plus, pas même l'émail des voisines du dessous. "Récidive !" m'annonce le plus gros jet salivaire de ma life. Je me douche de sa bouche. La savonnette s'enfuit. Je ne m'abaisse pas, peur de la canicule. Comment veux-tu, comment veux-tu que j'extrapole ? Mon père est un gars extra. Il paye la caution, lance une bonne blague que j'ai déjà oubliée et s'en va au soleil levant, chantant comme un cowboy solitaire. Ma mère l'attend au pied de l'astre nu. L'horizon s'évanouit en proximité des rayons. La journée s'achève en procrastination. Encore une journée de foutue. Réseaux. Pouloulou.
Sans une once de vent, j'ai le cerveau lent, collé en cale très sèche. Il n'avance ni ne recule, c'est la faute à la canicule. Je somnole entre deux mots, entre deux phrases, entre deux souffles. Le ventilo me broie le vingt-deux. Je ne m'entends plus parler, je ne comprends plus mes mots lus, je ne calcule plus rien. Les températures se dépassent, se brouillent, s'embrouillent. Si je pouvais compter sur mes doigts. Confiance aux phalanges, retour sous barreaux. Seuls sur le plagiat, les yeux dans le vide, la phrase était trop belle. J'ai peur de retourner à l'ombre. Un comble.
Je ne suis qu'une éponge pressée par le climat. J'évite le tison me mouvant vers l'iceberg. Un escargot me double en se foutant de ma gueule. Pas le temps de lui faire un bras d'honneur qu'il me glisse une olive. Foutue coquille ! Le chat baille. C'est une femelle. Mon esprit grivois débande, molasse du sous-entendu. Pour éviter l’embûche, je chemine à reculons. Le masculin l'emporte sur le féminin pour la bonne cause. La soubrette discute, se penche sur la gamelle. Le chat mange son mou, son appétit perdure. Mes amorphes neurones nagent dans la végétaline. Je végane du ciboulot. Si le boulot vient, aucune raison que je postule. Je mange des lucioles, mon ventre s'illumine. L'estomac Edison. J'ai mille choses à faire, à écrire, à inventer, à éventer que je ferai un jour quand je serai plus chaud, quand il fera plus froid, quand je serai un roc, un cap, une péninsule.
Putain de canicule !