Anniversaire d'un enfant gâteux
Lundi, c'était mon birthday. Un an de plus en moins ! Passé un certain âge, on évite la projection, on n'ose pas compter les printemps qu'il nous reste. 28, selon l'âge moyen de durée de vie pour un mec. Et encore, si la santé ne fait pas faux bond avant le bol de sangria. Le punch (ponche) remplace le punch (peunche). On boit pour oublier, on boit pour vivre moins mais plus gai, joyeux, heureux. On s'en fout, on marchera droit jusqu'au lit, merci monsieur le déambulateur.
On boit pour se souvenir aussi. On nostalgise, on sépiate, on se téléporte à une époque où notre avenir touchait l'horizon, près de la grande question, la question existentielle, celle à laquelle personne n'a de réponse, faut-il ou non piquer les merguez ? Information capitale en plein Aid. On boit pour oublier que le tigre est devenu mouton. On boit avec modération parce que tous les amis sont partis. Kanpai ! Sisi la famille ! Wesh ma gueule ! Je me la pète en parlant djeuns. Tu ne fais qu'intensifier la ringardise qu'impose ton grand âge. Si tu connais ces expressions, c'est qu'elles sont déjà hasbeen. Comme toi. Bois ! Je trinque à mes enfants, à ma femme, à mes parents, à l'amour, à la vie, à la jeunesse perdue, à l'alcool qui fait vite effet. Subito, culbuto. Au moins, je ne suis pas un neverbeen, moi monsieur. Ma nostalgie m'en est témoin. Et puis je suis né un 20 août. C'est pas donné à tout le monde. Combien ? 18 millions de personnes dans le monde ? Redonnez-moi ma jeunesse, ma vie elle sera formidable, fooormidable ! Vieux, je deviens fort minable. Garçon, la même chose, un godet, la même vie, les mêmes erreurs, et surtout, surtout, s'il vous plait petit Jésus, la même famille formidable, fooormidable ! J'ouvre les yeux. J'ai la main levé, le verre choquant celui qui m'est tendu. Je suis heureux. On est lundi, c'est mon anniversaire.
Je suis né le même jour que le papa de Cthulhu, l'interprète de la sérénade indochinoise, le chanteur de Led Zep, la star des gigolos de la jet set, le deuxième Spiderman à l'écran, la voix du Chef dans South Park pour les plus jeune de Shaft pour les plus vieux. Selon l'astrologie, cet aréopage hétéroclite de personnalités liées par une date et un signe zodiacal devrait ressentir ou vivre les mêmes choses aux mêmes moments. Nous sommes tous des lions, le roi des animaux. Le roi des bêtes n’est pas le roi des cons. Enfin, je crois.
Vous y croyez à l'astrologie, vous ? Regardons ce que disait mon horoscope, lundi :
"Le Soleil dans votre signe s’harmonise avec la Lune dans votre endroit créatif, créant de belles occasions de vous exprimer."
Comme j'ai déjà abordé le sujet de la coloscopie dans un précédent article, on va vite passer à la suite.
"Il peut être satisfaisant de libérer des tensions grâce à des activités créatives et divertissantes."
Ça, c'était la veille avec "Les degrés rêvent-ils d'ascenseurs électriques". La suite.
"Vous êtes prêt à relever un défi, avec de l’humour. Aujourd'hui, le transit de la Lune anime et colorie vos émotions."
Eh non, je ne me suis pas chié dans le slip en soufflant sur les bougies. Tu sais ce qu'il te dit mon transit ? Prout !
"Vous pouvez vous sentir heureux avec quelqu'un ou quelque chose, ou simplement profiter de l’amour et du bonheur."
On est d'accord que cette dernière phrase convient à 100% des personnes interrogées.
Si on creuse un peu plus, le 20 août, c’était le 3e jour du mois de Fructidor selon le calendrier républicain français. Fructidor, ça fait marque de margarine. Je consomme de la margarine. C'est tout moi. Cette date était également nommée jour de la vesse-de-loup. Je pète au lit. C'est tout moi aussi. Comme quoi, l'horoscope révolutionnaire, c'est quand même autre chose que le gagne-pain à Teissier. Pour ceux qui ne maîtrisent que très modérément le vieux François, une vesse, selon la définition du dictionnaire est, je cite, "un gaz intestinal malodorant qui sort de l'anus sans bruit". Décidément, on n'en sort pas ! Et heureusement, oserais-je dire.
L'anniversaire, c'est le temps des "tu te souviens...". On se remémore les jours heureux avec Fonzie, de quand on était jeune et beau, la banane, de quand on courrait le cent mètres 9 secondes 58 centième avec le vent dans le dos et beaucoup de Bolt. J'aimerais me confectionner un mur de souvenirs où chaque photo, dessin, phrase ou mot me rappellerait un moment heureux de ma vie. Une sorte de mémento du bonheur, de hall of fame allègre, de panthéon nostalgique, d'annales joviales accrochées au mur, le fameux poster rieur. La vesse-de-loup en ferait assurément partie. La première fois que j'ai eu les honneurs d’un journal, La Voix du Nord en l’occurrence, c'était en compagnie de ces gros champignons ronds. J'avais une dizaine d'années. Ma première photo en compagnie de vesses-de-loup est plus veille encore. C'était en Belgique, j'avais un an.
Quand les lycoperdons, de leur petit nom latin, sont trop vieux, ils lâchent une sorte de fumée brune composée de spores sans doute à l'origine de leur nom. Juste avant, quand ils atteignent la taille disons d'un ballon de football, vous pouvez les cueillir en coupant la base pour ne pas arracher le mycélium. Parce que, oui, la vesse-de-loup est comestible.
Je lui dois un de mes grands émois culinaires de môme. Je vous donne la recette si vous avez la chance d'en trouver, essentiellement dans les près accueillant vaches et chevaux. Laver les vesses puis les couper en tranches d'environ un centimètre. Badigeonnez les de jaunes d’œufs battus à l'aide d'un pinceau silicone. Recouvrez les de sel, poivre, d'un mélange d'herbes selon vos goûts et de chapelure. Faites revenir les tranches dans une poêle préalablement beurrée. Le petit Jésus en culotte de velours, je ne vous dis que ça !
Ça existe l'alcool de champignon ? Je ne me suis jamais posé la question. Un tour sur Google m'apprend qu'on peut trouver de la bière de champignon, autrement appelée kombucha ou encore "Thé d'Immortalité", résultat de la fermentation de thé sucré et du champignon qui donne son nom à la boisson. Elle aurait de nombreuses vertus pour la santé. Côté goût, on serait entre le cidre et le thé avec un léger soupçon de vinaigre. Boire avec l'espoir de connaître plus de printemps, c'est peut-être ça la solution. Avec une moyenne de 2°, va falloir charger la mule pour oublier et se souvenir. Kanpai !
Je suis fan de tes délires d'homme très mince que tu n'es plus !
Merci Jean-Marie ! 🙂